D'abord élève de son père, Dirck, il entra ensuite vers 1640 dans l'atelier de Rembrandt où il eut pour condisciples Carel Fabritius et Furnerius. Dès 1648, il était rentré à Dordrecht, puis il partit pour Vienne en 1651, pour Rome en 1652 et de nouveau pour Vienne en 1653, avant de rentrer l'année suivante à Dordrecht, où il demeura, excepté pendant les années 1662-1666 (Londres) et 1668-1671 (La Haye). Très vite, il renonça à la manière de Rembrandt, qui lui avait pourtant permis de faire quelques bons tableaux, comme son Autoportrait de 1644 (Rotterdam, Boymans van Beuningen),d'un beau coloris brun-rouge, chaleureux et vivant. Il se tourna au contraire résolument vers la peinture de genre des intimistes tels que Pieter de Hooch, Steen et Metsu, se faisant même une véritable spécialité de l'évocation de savantes perspectives d'intérieur, comme en témoigne sa fameuse boîte optique (Londres, National Gallery), ainsi que du rendu illusionniste des objets, qui forçait l'admiration de son disciple Houbraken : l'Homme à la fenêtre (1653, Vienne, Kunsthistorisches Museum). Il traita les genres les plus divers : portraits, natures mortes, scènes bibliques et bien entendu les traditionnelles scènes d'intérieur, trop imitées de Pieter de Hooch et bien moins fines. On lui attribue aujourd'hui les Pantoufles du Louvre, provenant de la collection De Croÿ. Excellent dessinateur, il donne à ses oeuvres des effets picturaux par l'association savamment douée entre la plume, le pinceau, la pierre noire et la sanguine (Homme nu, Femme nu riant, Louvre, Cabinet des Dessins). Hoogstraten fut aussi graveur, poète, écrivain et théoricien ; il reste surtout connu comme l'auteur de l'Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, publiée en 1678, document irremplaçable sur l'école hollandaise du XVIIe siècle et classique de la littérature d'art, comme les ouvrages de Houbraken et de Van Mander.

Ouvrage pionnier, bien documenté, cette monographie offre de nombreuses informations, mais peu de positions théoriques et de commentaires sur l'oeuvre proprement dit de Van Hoogstraten. La liste des oeuvres ne comporte que les peintures signées.

Complémentaire de celui de Roscam Abbing, cet ouvrage a le mérite de poser plusieurs jalons critiques concernant les oeuvres de Van Hoogstraten, et les positions théoriques sont loin d’être souvent simplistes, même si elles se rattachent parfois à certains lieux communs de la littérature monographique. Le dernier chapitre est consacré au traité de Samuel van Hoogstraten et paraphrase son contenu.